Quand il était question de ma famille, que ce soit mon mari et mes enfants ou simplement mes parents, mes frères et mes sœurs, parfois, je pouvais paraître comme un véritable pot de colle forte très agressif lorsque vient le temps de s’accrocher, et j’allais encore en donner la preuve aujourd’hui même. En effet, à peine avais-je su que ma petite sœur était rentrée au pays que je m’étais empressée de l’appeler afin d’organiser quelque chose histoire qu’on se revoit, parce qu’elle m’avait énormément manqué. Cela faisait tellement longtemps qu’elle était partie qu’elle n’avait même pas eu l’occasion de rencontrer ma dernière-née, à savoir Everleigh. Pour cette raison, j’avais décidé de préparer une petite surprise, c’est-à-dire qu’une fois que je fus prête pour aller chercher Léa à l’hôtel afin qu’on se rende au centre commercial histoire de faire quelques emplettes, je préparai ma petite princesse et je l’installai dans son siège de voiture à l’arrière, n’ayant pas mentionné à Eleanor qu’elle venait avec nous. Quand tout fut prêt, je verrouillai la porte de la villa, James étant déjà parti avec les jumeaux autre part pour la journée. Lorsqu’Everleigh fut confortablement installée, je refermai la portière, et je mis la voiture en marche pour aller jusqu’au hall d’entrée de l’hôtel où Eleanor résidait. Je coupai le contact, pris mon téléphone et je lui envoyai un message disant : « Je suis à l’entrée ma louloutte, tu peux descendre ! », sortant ensuite de la voiture en laissant la vitre arrière baissée afin de pouvoir jeter un œil sur Everleigh tandis que j’attendais ma petite sœur devant la voiture, trop impatiente de la prendre dans mes bras, donc incapable de rester assise dans le véhicule.

Lorsque je vis ma sœur sortir du hall d’entrée, un large sourire fendit mes lèvres tandis que je fis quelques pas pour aller à la rencontre d’Eleanor tout en m’assurant de ne pas trop m’éloigner de la voiture où Everleigh se trouvait. Au final, je n’eus pas à marcher bien longtemps; ma petite sœur arrivant au pas de course, il ne fallut pas plus que quelques secondes pour que nous soyons finalement l’une contre l’autre, à se serrer dans nos bras. Pour ma part, je serrai ma sœur contre moi avec bonheur, surtout qu’elle m’avait beaucoup manqué. Je savais bien qu’elle était partie pour la bonne cause, si on pouvait dire cela ainsi, mais il n’en restait pas moins que plus de six mois sans la voir, c’était tout de même long. Cependant, elle semblait beaucoup mieux que depuis que j’étais allée la chercher au commissariat au milieu de la nuit, et cela me soulageait déjà, même si je ressentis le besoin de lui poser directement la question en lui répondant : « Je vais bien, tu m’as tellement manquée ! Et toi, comment tu vas ma belle ? » J’étais réellement contente de passer cette journée en compagnie de Léa, et surtout qu’elle rencontre finalement ma benjamine qui était bien tranquille à l’arrière de la voiture pour le moment. Excitée, je lui demandai par la suite : « Alors, tu es prête ? Tu peux t’asseoir où tu veux dans la voiture, à l’avant ou à l’arrière ! », ne réalisant pas tout de suite que j’avais dit cela dans mon trop grand enthousiasme à l’idée qu’Eleanor rencontre sa nouvelle nièce, même si pour le moment, elle ne semblait même pas l’avoir remarquée.

Cela prit un petit moment avant qu’Eleanor réponde à ma question, me rendant inquiète l’espace d’un instant, mais dès qu’elle me dit qu’elle allait mieux, mon sourire revint aussitôt sur mes lèvres pour y rester. J’étais soulagée de voir que ma petite sœur allait mieux suite à sa séparation avec Ethan, que ce voyage l’avait aidée à retrouver sa bonne humeur, considérant que c’était là le but premier de son départ. Puis, mon sourire ne fit que s’élargir quand elle me dit que je lui avais manqué, considérant que c’était la réciproque, comme je l’avais mentionné. J’avais l’impression que j’avais tellement de choses à lui raconter, à lui montrer, à commencer par Everleigh qui était assise à l’arrière de la voiture. C’était probablement cela dont j’avais le plus hâte pour le moment, mais visiblement, Léa ne partageait pas mon avis qu’elle ne connaissait pas, considérant qu’elle ne semblait même pas avoir remarqué la présence de la petite. Pendant un instant, l’envie me prit de carrément ouvrir la porte et lui présenter directement ma petite princesse, mais ayant soudainement cette idée comme quoi ce serait amusant d’attendre un peu, histoire de voir à quel moment elle allait constater la présence de la petite par elle-même, sachant que le plus tard serait une fois au centre commercial, quand je devrais sortir Everleigh de la voiture pour l’installer dans sa poussette. Et puis, c’était plutôt amusant de voir comment Eleanor semblait l’avoir légèrement, voire complètement zappée, me parlant surtout de mes deux aînés qui étaient restés avec leur papa pour la journée. Avec un sourire, je lui fis signe de monter dans la voiture, et je lui répondis : « Non, ils sont avec James pour la journée, mais si tu veux, après le shopping, on peut faire un détour chez moi pour que tu puisses les voir, je suis certaine qu’ils seront ravis de te voir ! » Sur ces mots, je me retournai pour aller du côté conducteur et m’installer dans la voiture, dissimulant mon petit sourire espiègle en coin qui était apparu tandis que je faisais ces quelques pas me séparant de la portière voisine. Je m’installai dans la voiture, et tandis que je bouclais ma ceinture, je me tournai vers ma sœur et je dis : « Et toi alors ? Tu as fait bonne route jusqu’ici ? »

Quand je vis Eleanor heureuse de ma proposition, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire, contente de voir qu’un simple passage à la villa après nos emplettes pouvait la réjouir à ce point. Après tout, c’était compréhensible ; cela faisait longtemps qu’elle ne les avait pas vus, et Lexie demeurait tout de même sa filleule, surtout que depuis ce temps, les jumeaux avaient grandi, ils jacassaient comme deux petites pies, à présent ! Cependant, cela viendrait plus tard, et dans l’immédiat, j’étais plutôt impatiente qu’Eleanor se rende finalement compte que j’avais emmené Everleigh avec moi. Heureusement, je n’eus pas à attendre longtemps ; je n’eus même pas le temps de lui demander si son voyage s’était bien passé qu’elle s’exclama vivement, me laissant comprendre qu’elle venait de l’apercevoir. J’attendis donc avant de quitter l’entrée de l’hôtel, laissant ma petite sœur rencontrer sa dernière nièce à date en gardant un sourire touché aux lèvres. J’attendis qu’elle se présente à Everleigh, d’une certaine façon, tout en jetant un coup d’œil au rétroviseur pour assister à ce moment tout à fait adorable, puis je dis finalement : « Surprise ! Je te présente Everleigh Kaliska Bennett, notre petite dernière ! » Pendant un instant, je posai mon regard sur la principale concernée, qui semblait heureuse d’avoir rencontré une nouvelle personne, ce qui me fit sourire à nouveau. Puis, je mis finalement la clé dans le contact et démarrai la voiture pour quitter l’hôtel en direction du centre commercial tandis qu’Eleanor m’expliquait un peu son voyage. Je ne pus m’empêcher de rire avec elle, puis je dis finalement : « Tu m’étonnes ! J’espère que tu as pris des photos pendant tout ce temps ! Tu m’as beaucoup manquée, tu sais ? »

Si j’avais fait un large sourire quand Eleanor me promit de me montrer ses photos de voyage sans aucune difficulté, je dus faire une seconde plus tard un effort surhumain pour ne pas complètement le perdre lorsque ma petite sœur adoptive me demanda de tout lui raconter ce qui s’était passé pendant son absence. Pourquoi ce fut si difficile ? Parce que dès que je pensais aux évènements récents de ma vie, je ne pouvais m’empêcher de repenser à ce qui m’était arrivé il y a quelques mois de cela, à savoir mon congédiement. Je n’en avais pas parlé à Eleanor, parce que malgré tout, je m’en sortais plutôt bien, mais il n’en restait pas moins que ça demeurait un sujet relativement délicat. Toutefois, il était hors de question pour moi que je lui raconte cela en tout premier lieu, n’ayant pas envie de gâcher sa bonne humeur et la mienne d’un seul coup. Avant de lui répondre, je préférai plutôt me concentrer sur la route un instant, ravie de voir que nous approchions du centre commercial, et que de ce fait, je n’aurais pas à lui raconter cette parcelle de vie légèrement embêtante et peut-être pourrait-elle se concentrer sur la présence de sa nièce avec nous. Justement, en jetant un œil dans le rétroviseur, j’aperçus le siège de la petite, me donnant ainsi des pensées beaucoup plus positives qui me permirent de répondre, sur un ton qui se voulait enjoué : « Eh bien, il y a Everleigh qui est née, ça va de soi ! Ensuite, Kevin est venu s’installer, et ensuite, Naïs est venue nous retrouver, elle a même un mec, aux dernières nouvelles ! On est la famille au complet, maintenant que tu es de retour ! » Sur ces mots, j’adressai un large sourire à ma petite sœur, avant de reporter mon attention sur ce qui se dessinait devant nous, à savoir le parking du centre commercial à présent.

Je réussis à trouver mon enthousiasme lorsque j’entendis ma sœur se réjouir des bonnes nouvelles que je venais de lui donner, arrivant à ne plus vraiment penser au fait qu’à un moment donné, il faudrait que je lui annonce que j’avais perdu mon emploi pendant son absence, mais au moins, en soulevant le fait que notre frère et notre sœur aînés étaient venus nous retrouver aux Bahamas, je venais de me gagner un peu de temps, et surtout un retour de bonne humeur, puisque maintenant, je ne pensais plus vraiment à mon congédiement, mais plutôt au fait que toute notre famille était au même endroit, que je retrouvais ma petite sœur et que j’allais passer une journée avec elle au centre commercial avec ma petite fille en prime. Cette journée qui promettait d’être super commençait d’ailleurs maintenant ; une fois que j’eus garé la voiture dans le parking, je coupai le contact et sortis de la voiture en même temps qu’Eleanor. Mon but à moi, c’était de me rendre dans le coffre pour prendre tout ce dont j’aurais besoin pour Everleigh, et je comprendrais que ma petite sœur ne veuille pas me suivre, mais à ma surprise, elle se rendit plutôt à l’arrière pour aller voir ma benjamine. Je n’en fus pas vexée, bien au contraire ; je trouvai ça absolument adorable ! Considérant que j’en avais pour un petit moment à tout installer, je proposai alors à Léa : « Si tu veux, tu peux la détacher de son siège et la prendre pendant que je m’occupe de la poussette ! »