Il faisait chaud. Le thermomètre avait affiché plus de trente degrés depuis le début de l’après-midi. Après être allé me la couler douce au bar au milieu de la piscine, où j’avais d’ailleurs signé deux ou trois autographes puis j’étais remontée dans ma chambre. J’avais vu sur la mer et une petite baignade me ferait le plus grand bien. Je ne savais pas nager. Enfin, j’avais juste appris pour pouvoir jouer dans un film mais j’avais tout oublié. Ou presque. Pour moi, aller se baigner c’était juste se tremper les pieds dans l’eau, à la rigueur s’asseoir dans trois centimètres d’eau et prendre le soleil. Je ne faisais pas partit de ces gens complètement fan de surf, de vague qui mesurent plus de deux mètres cinquante et j’en passe. J’étais bien trop chochotte pour ça, il fallait bien se le dire. J’enfilais un autre de mes maillots de bain, je n’allais pas remettre le même puisqu’il était mouillé. Je pris juste une serviette, une paire de lunette de soleil que je mis directement sur mon nez, de la crème solaire, deux ou trois magazines histoire de faire passer le temps et de la crème solaire. Très importante, la crème solaire était ce qui m’empêchait d’avoir des coups de soleil. Et Dieu sait à quel point je bronze vite. Je sortis de ma suite, pris l’ascenseur et me voilà partit en direction de la plage.

Une dizaine de minutes plus tard, j’arrivais sur le sable chaud. Il y avait du monde, j’essayais de me trouver une place. Une fois que ce fut fait, j’étalais ma serviette sur le sable et m’y posa quelques minutes. J’étais appuyé sur mes coudes, je regardais les gens passer. Un gamin passait en courant à côté de moi, il m’arrosait, je ne manquais pas une occasion de lui hurler dessus. Sa mère me répondit que c’était les vacances, que je n’avais pas à hurler comme ça. J’avais l’habitude d’entendre ça ces derniers temps. J’avais eu une altercation avec une employée de l’hôtel parce que sa fille avait hurlé derrière ma porte. Je n’avais pas hésité à aller me plaindre à l’accueil et il m’avait gentiment répondu qu’ils avaient l’intention de ne rien faire. C’était l’une des rares fois où on osait me dire non et autant vous dire que ça ne m’a pas plus du tout. Bref, je ne réagis même pas à ce que la mère de ce garçon venait de me dire. Je ne voulais pas risquer une fois de faire un scandale et de me retrouver dans les médias. Une fois, ça m’avait suffi.

Après avoir pris un peu le soleil, je décidais d’aller me baigner. J’allais même faire l’effort de me baigner réellement. Au moins d’avoir de l’eau jusqu’au ventre. Bien sûr, personne ne comprenait pourquoi je ne voulais jamais me baigner. Je n’avais pas envie de me décoiffer et puis qu’on se le dise sincèrement, je n’avais pas non plus envie que des paparazzis prennent des photos de moi avec un épouvantail au-dessus de la tête. Arrivée dans l’eau, je m’avançais lentement. L’eau était bonne, presque chaude. Je continuais de m’avancer. J’allais même jusqu’à un endroit où je n’avais plus pied. Enfin seulement sur la pointe des pieds. Je n’avais pas fait attention, mais il y avait des courants. D’ailleurs il m’emportait. Au moment où je me rendis que je n’avais plus pied nulle part autour de moi, je commençais à paniquer. Je ne savais pas nager et je hurlais pour quelqu’un vienne à mon secours. N’importe qui tant que j’évitais la noyade. J’avais à moitié de l’eau de l’océan en même temps.

Je détestais l’eau. Pour moi, aller à la plage signifiait ne pas se baigner, juste se faire bronzer. J’avais dû apprendre à nager pour un film mais j’avais tout oublié. Ou plutôt je ne voulais pas nager parce que je ne voulais pas avoir une carrure de nageuse. Bien que ce n’est pas en faisant trois brasses que j’allais avoir une carrure dans ce genre. Enfin quoi qu’il en soit, j’avais pris le risque d’aller dans l’eau. J’avais pied, rien de bien inquiétant. Pourtant, plus j’avançais, moins j’avais pied et au bout de quelques minutes, je n’avais plus du tout pied. Prise de panique, je commençais à faire de grands gestes dans l’eau pour essayer de retourner là où j’avais pied. Voyant que ça ne faisait rien, je me mis à hurler. Mon voyage aux Bahamas était un moyen de me faire oublier quelques temps des médias. Pour la discrétion, on repassera. Quoi qu’il en soit quelqu’un m’attrapait et me demandait de ne pas bouger. Je ne voyais pas son visage et je continuais quelque peu à me débattre. J’arrêtais peu à peu de me débattre, lorsque je vis qu’on arrivait progressivement sur la plage. J’avais les cheveux tout mouillés. Parce que oui, j’avais peut-être faillis me noyer mais je pensais avant tout à mon apparence, il ne faut pas non plus oublier que j’étais une star avant tout. Je m’assis sur le sable et levais les yeux vers la personne qui m’avait. Quoi ? C’était elle ? Mais décidemment, j’avais vraiment la poisse moi aujourd’hui. Je soupirais et lui lançais :

« Merci. » Limite ça m’aurait arraché la bouche de lui dire. Je continuais de la regarder, puis lui lançais sur ton assez froid : « Allez-y, rigolez, vous en crevez d’envie… »

Certes, j’aurais pu me radoucir, être gentille parce qu’au final, elle n’était pas obligée de me sortir de l’eau. J’avais une trop grosse fierté. Je ne pouvais pas baisser ma garde comme ça, ça me demanderait trop d’effort. Néanmoins, sur un ton un peu plus neutre cette fois, je lui demandais :

« Vous voulez combien pour m’avoir sauver ? »

Dans mon monde tout était une question d’argent. Chaque faits et gestes qu’on faisait pour moi signifiait donner des billets derrière. Ca ne me gênait pas, loin de là puisque pour moi l’argent tombait du ciel. En attendant sa réponse, j’essayais d’enlever le sable que j’avais sur les jambes et un peu partout. Bien que soi-disant le sable était bon pour la peau, je détestais en avoir sur moi. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles je n’allais jamais me baigner lorsque j’étais à la plage. J’attendais toujours la réponse de mon interlocutrice.

D’ailleurs, je me souviens que notre première rencontre a été houleuse. J’avais, d’ailleurs, porter plainte auprès de l’accueil mais il m’avait clairement dit qu’il ne pouvait rien faire pour moi. J’avais même essayé de les soudoyer avec de l’argent mais il n’y avait rien à faire. Pour eux, j’étais complètement fautive dans l’histoire. Comme si passée des vacances aux Bahamas et faire la grasse matinée était un crime. Quoi qu’il en soit, j’avais pris soin de ne pas ébruiter l’affaire. Je ne voulais pas passer pour la fille qui a tort. Je détestais ça.

Je n’avais jamais su nager. J’avais juste appris pour un film mais ça s’arrêtait là. J’étais beaucoup plus à l’aise dans une piscine que dans la mer. D’habitude, la plage ça sonnait comme bronzette. Je restais bien tranquillement sur le sable mais cette fois-ci, j’avais vraiment voulu me convaincre que je pouvais y aller. De plus, je détestais les animaux marins. J’étais vraiment une chochotte quand on regarde bien. Conclusion ? Ca s’était mal finis. Quelqu’un était venu me repêcher. J’avais d’ailleurs vite déchanté lorsque j’avais vu qui était venu à mon secours. Je m’étais pris la tête bien comme il faut avec elle, il y a quelques temps. C’était encore une histoire futile. Une histoire sans grande importance. Je la remerciai. C’était loin d’être mon genre de remercier quelqu’un. Surtout le faire pour une personne avec qui j’étais en guerre froide. Je lui avais demandé ce qu’elle voulait en échange. Quoi ? C’était une question presque de rhétorique pour moi ? Qui ne désirait pas une grosse somme d’argent pour avoir sauvé une star de cinéma, franchement ? Personne ne pouvait refuser ce genre de chose. Et pourtant… J’avais rencontré une fille qui ne voulait pas d’argent. Je fronçais légèrement les sourcils. Est-ce que j’avais réellement compris ce qu’elle venait de me dire ou bien ? J’allais lui lancer une phrase plein de sarcasme lorsqu’elle me demandait si je n’avais rien. Je venais d’entré dans la quatrième dimension ou quoi ? Depuis quand elle et moi on se parlait normalement ? Il était vrai que j’aurais pu la rembarrer. Après tout, je l’avais bien fait la première fois mais j’optais pour la carte de la gentillesse :

« Non ça va, j’ai rien. »

Ça ne m’allait tellement pas d’être gentille. Je détestais être comme ça. Etre gentille pour moi, signifiait être naïve. Il n’y a aucun rapport entre les deux mais c’était moins point de vue. Je continuais de la regarder, tout en continuant de remettre mes cheveux en place. Je m’apprêtais à partir lorsque j’eus comme une espèce de prise de conscience. Je me retournais vers elle et lui dis:

« Ecoutez, j’sais que vous m’appréciez pas des masses et vous n’étiez pas obligé de venir me chercher mais je tenais à m’excuser pour la dernière fois. Je ne m’attends pas à ce que vous me pardonniez vu que je pense avoir été imbuvable mais je tenais à vous le dire. »

Je lui lançais un petit sourire. Je détestais être gentille. Je détestais m’excuser aussi. Ce n’était tellement pas moi. Heureusement, je n’avais vu aucun paparazzi dans le coin. Après lui avoir dit, je me retournais pour retourner sur ma serviette. De toute façon, je n’allais pas passer mon après-midi avec elle.

Je ne savais pas nager. Je détestais l’eau. Enfin « détester » était un peu fort comme mot puisqu’après tout, ça ne m’empêchait pas d’aller à la piscine. Mais une chose était sûre j’avais juste appris à nager pour un film. Bah ouais, sinon je n’aurais pas eu le rôle. Quoi qu’il en soit ce fut Maïke qui vint me sauver. Je n’aurais jamais cru que cela puisse arriver. Moi quelqu’un que je déteste est en train de se noyer, je le laisse. Il se débrouille. D’un côté, j’étais ce genre de fille assez égoïste, qui se moque royalement de ce qui pourrait arriver aux autres. Je pars du principe que c’est tant pis pour les autres et tant que ça n’arrive pas à moi, c’est super. Certains pourraient trouver vraiment mesquin, mais je suis comme ça. Rien ni personne ne pourra changer cette facette de ma personnalité. Cependant on s’arrête souvent à mon apparence de bimbo, qui passe plus de temps à penser à son physique et sa petite personne qu’aux autres mais on connaît moins la fille sensible qui est capable de s’excuser. Certes, ça n’arrive pas souvent et je m’impressionne moi-même lorsque je le fais mais bon… Là, je venais de faire mes excuses auprès de Maïke, je n’étais pas obligé de le faire mais je l’avais fait. Et tout ce qu’elle trouvait à me dire, c’était mon demandé si c’était sérieux. Je soupirais. J’étais presque exaspérée par sa réaction. Je répondis alors sur un ton neutre :

« Est-ce que, franchement j’ai l’air de rigoler là ? » Nan mais c’est vrai quoi, je m’excuse et elle me demande si je suis sérieuse. Nan, nan, en fait je dis ça mais c’est juste pour le fun. Ironie quand tu nous tiens. Bref, avant qu’elle puisse dire quoi que ce soit, j’ajoutais : « Oui c’est sérieux mais vous n’êtes pas obligé de me croire puisqu’apparemment, ça vous étonne tant que ça que je puisse m’excuser. »

Je continuais de regarder Maïke pendant quelques secondes avant de détourner le regard ailleurs. Je n’attendais rien d’elle. Elle avait le droit de partir sans rien dire. Elle avait le droit de se moquer royalement de mes excuses mais une chose était sûre c’était la seule et unique fois qu’elle les entendrait. Au moins, elle pourrait crier à qui veut l’entendre que la star de cinéma s’est excusée. De toute façon, je n’avais que faire de ce que les gens pouvaient penser de moi. On m’aime ou on me déteste, il n’y a pas de juste milieu. Seulement, si on me déteste, on en paie le prix derrière. Je ne suis pas ce genre de fille à me laisser, c’est tout. Quoi qu’il en soit, j’avais bien l’intention de me diriger vers l’hôtel pour aller me prendre une douche et surtout pour me remettre de mes émotions.