Romylda & Elliot

Ce soir, tu dois prendre ton service comme croupier au casino à dix-neuf heures, et rester en poste jusqu’à une heure du matin, comme bien souvent. Tu ne t’en plains pas, tu aimes bien travailler pendant la soirée, quand c’est occupé et qu’il y a quelque chose à faire. Tu sais pertinemment que le casino ouvre tôt le matin et ferme seulement au milieu de la nuit, voire même à l’aube, mais toi, c’est ta plage horaire favorite. Le jour, il y a que trop peu de monde, et trop tard dans la nuit, il ne reste que quelques saoulons qui sont incapables de débarrasser les tables de jeu. Évidemment, quand on te demande d’entrer à des heures différentes, tu te dois de le faire, et tu ne rechignes pas, mais tu es quand même en droit d’avoir tes petites préférences quand même.

Compte tenu du fait qu’il est dix-huit heures quand tu regardes l’heure et que tu réalises que tu commences bientôt à travailler, tu essaies de ne pas trop trainer. Premièrement, tu prends un repas consistant, considérant que c’est maintenant ou jamais que tu vas pouvoir prendre ton dîner, le seul moment que tu aurais de libre par la suite serait à la fin de ta soirée de travail, et à une heure du matin, tu te vois bien mal manger un repas complet. Une fois que tu as terminé ton plat de pâtes, la seule chose qui t’a réellement motivée à faire ne serait-ce qu’un peu la cuisine, tu files sous la douche. Tu ne prends pas beaucoup de temps, puisque tu as été habitué aux douches militaires de moins de trois minutes, puis tu en sors, serviette à la taille. Tu te rases convenablement, replace un peu tes quelques mèches de cheveux un peu plus rebelles, puis tu te diriges vers ta chambre, lançant au passage ta serviette sur le lit de ta cousine, histoire de la faire rager un peu. Ce n’est pas pour être méchant, c’est simplement par pur affection pour elle, puisqu’après tout, si elle n’avait pas été là, tu n’aurais pas de toit pour te loger, ni personne pour te soutenir après ta sortie de prison.

Dans ta chambre, tu enfiles ton uniforme, qui consiste à être un pantalon noir, une chemise blanche propre, une cravate et finalement, une veste sans manches aux couleurs de l’hôtel. À cette veste, tu épingles une petite plaquette de métal sur laquelle on peut lire ton prénom. Un dernier coup d’œil dans le miroir, et voilà, tu es prêt. Tu ne prends pas ton porte-monnaie, considérant que tu n’as pas le droit de l’avoir au casino, ni ton téléphone. Tu te contentes de prendre simplement la clé du bungalow, la placer dans la poche arrière de ton pantalon, puis tu sors de chez toi, te dirigeant à pied vers l’hôtel. Tu connais maintenant le chemin par cœur, même les yeux fermés, tu pourrais trouver le trajet, prendre l’ascenseur, voire même appuyer sur le bon bouton pour arriver à l’étage du casino.

Lorsque tu y arrives – les yeux ouverts, bien sûr – tu vas signaler ta présence à ton superviseur, qui t’assigne à une table de black jack qui attendait ton arrivée pour être ouverte, visiblement. Tu t’y diriges avec l’équipement nécessaire, installe le tout, et te déclare finalement prêt à laisser les clients jouer. Les premières personnes agglutinent. Toi, tu t’occupes de leur passer les cartes, prendre leurs mises, mais aussi surveiller si les règles sont respectées. Par exemple, seulement quelques minutes après avoir commencé, tu vois des mains se poser sur les cartes que tu viens de placer sur la table. Sur un ton poli, tu dis : « Je m’excuse mademoiselle, vous ne pouvez pas toucher les cartes. » en posant son regard sur son visage, clignant de l’œil gauche au même moment. Tu le sens, et tu sais que parfois, ça porte à confusion, mais pour le moment, tu n’y portes même pas attention.

Romylda & Elliot

Depuis que tu travailles comme croupier au casino, tu as développé un réflexe : Puisque tu as souvent les yeux baissés sur la table, tu rappelles les consignes bien avant de porter ton regard sur la personne à qui tu t’adresses, et analyser davantage sa composition générale. De ce fait, tu réalises que quelques secondes plus tard que la personne à qui tu viens de demander de ne pas toucher les cartes, c’est une jeune femme pas nécessairement très âgée. Pendant un instant, tu te demandes même si elle est en droit de venir jouer au casino, mais tu en déduis que la sécurité ne l’aurait pas laissée passer si ça n’avait pas été le cas. Quoiqu’il en soit, cela semble être une de ses premières fois, et visiblement, respecter les règlements n’est pas dans ses priorités. En fait, tu ne sais même pas quoi faire face à son comportement; est-ce que tu dois continuer à insister, appeler la sécurité ? Tu ne sais même pas si elle est là pour jouer ou semer la pagaille, donc tu hésites légèrement, demeurant un peu hébété momentanément.

Puis, sans que tu t’en attendes, une jeune femme un peu plus âgée, mais pas trop, débarque et vient lui donner une claque. Là, c’est pire, tu sais encore moins quoi faire. Est-ce qu’une bagarre allait éclater sur ta table de jeu ? Tu ne verrais pas vraiment pourquoi, mais tu sais que ça pourrait arriver, et l’idée ne te plait pas nécessairement. Heureusement pour toi, la seconde demoiselle te regarde, et se justifie en affirmant que la jeune femme qui avait pris une carte était nulle autre que sa sœur, et de ce fait, elle était forcément en train de la réprimander, selon tes déductions. Tu hoches doucement la tête, un léger sourire en coin, même si au fond de ton regard, derrière ton clignement d’œil intermittent, on peut voir que tu es quand même un peu confus. Tu as déjà été victime de violence, ce n’est pas ça le problème, mais tu n’as jamais vu une scène familiale du genre, donc ça te choque un peu. Tu te dois donc de te ressaisir un peu, et tu le fais en affirmant, de façon polie : « Ce n’est pas grave pour cette fois-ci, mais la prochaine fois, faites attention. », terminant ton propos avec un léger sourire en coin, mais surtout avec cette impression que tu ne devrais pas terminer ton propos comme cela. Soudainement, tu te rappelles de ton emploi, de là où tu te tiens, et que mine de rien, tu te dois quand même d’encourager les gens à jouer. Tu demandes donc : « Vous… Vous voulez jouer ? Je peux vous apprendre si vous le souhaitez, c’est très simple. », ne voyant pas l’inconvénient de faire ça à ce moment précis. Après tout, pour toi, c’est relativement tranquille, et tu n’as pas de clients impatients. Tu peux te permettre d’expliquer les règles au fur et à mesure, à ton avis.