« Chez vous ? Euh… Oui, d’accord… Je serai là dans environ une heure… » Les yeux écarquillés, je raccroche le téléphone, ne sachant pas comment réagir pendant une seconde, puisque jamais je me serais attendu à une demande pareille. En effet, Cameron, mon patron, m’avait demandé d’aller lui donner un coup de main avec son travail chez lui, compte tenu qu’il, selon ses propos, était légèrement malade et préférait bosser à domicile. Ça, c’était compréhensible, mais que ce soit à moi qu’il demande de l’aide, de l’aide que je ne pouvais pas réaliser directement de mon petit bureau adjacent au sien, visiblement. Bien sûr, j’avais accepté, même si j’aurais du avoir congé et que c’était le lendemain de mon anniversaire, mais en même temps, l’idée de me retrouver chez mon patron, seule avec lui, me terrifiait et me rendait folle de joie en même temps, parce que justement, je serais seule avec lui, je n’aurais pas à le partager avec tous les autres employés de l’hôtel… Perdant pendant un instant la notion du temps, je dus me secouer pour sauter dans la douche rapidement, remonter mes cheveux en un chignon élégant, et retourner à ma chambre pour m’habiller. À cette étape, j’eus un blocage; compte tenu que c’était à domicile comme travail, est-ce que c’était moins formel ? Non, je ne pouvais pas me permettre cela… J’enfilai donc un pantalon gris, et un chemisier avec une petite veste en bustier élégants, mais tout de même confortables. Chaussures aux pieds, sac à la main, je descendis dans le parking de l’hôtel, retrouvant le tout nouveau scooter que mes parents m’avaient fait commander pour mon dix-huitième anniversaire. J’enfilai mon casque en prenant soin de ne pas trop abîmer mes cheveux, et je roulai jusqu’à l’adresse que Cameron m’avait donnée. Une fois devant la villa, je freinai, coupai le contact, mais ne retirai pas mon casque immédiatement, incapable de bouger de mon petit bolide, impressionnée par trop de beauté et de luxure dans un seul et même endroit.

Perdue dans ma contemplation de la somptueuse demeure, je sursautai quand je vis Cameron sortir et se diriger vers moi. En lui jetant un coup d’œil, je sentis mes battements de cœur s’accélérer progressivement. Quand je le voyais au travail, c’était souvent comme ça, et j’avais toujours mis ça sur le compte de son élégance, de ce qu’il dégageait, mais maintenant que je le voyais en tenue plus décontractée, et que je le trouvais quand même beau, je commençais à songer que même s’il portait un sac de patates, il me ferait le même effet, et donc, que c’était plus qu’une simple impression. Troublée, je ne remarque même pas aux premiers abords qu’il ne semble pas plus malade que ça, et même si je l’avais vu, je juge préférable de ne pas passer de commentaire, histoire de ne pas me mettre dans l’embarras, et simplement acquiescer avec un signe de la tête lorsqu’il me demande d’aller garer mon scooter dans la cour. Puisque j’avais coupé le contact, je décide de l’emmener en le poussant, et ce fut seulement quand il fut immobile et bien installé que je remarquai que je n’avais pas retiré mon casque. Je m’empressai donc à le faire, réalisant que mon chignon était un beau gâchis. Je retire donc mon élastique, et je secoue mes cheveux pour les laisser libres, mais tout de même présentables. Je déposai mon casque sur le scooter, et je retournai à la rencontre de mon patron, demandant timidement, avec un sourire en coin : « Comment allez-vous ? »