Travailler dans un somptueux hôtel aux Bahamas comprenait quelques avantages. Journée de pause que j’accueillais avec grand plaisir. Après des heures de travail de plus en plus longue sans vraiment d’action, je voulais prendre un peu soin de moi. Et quoi de mieux que d’aller dans la salle de sport ? Evidemment, ce n’était pas uniquement pour faire du sport que je m’y rendais. Comme si aucun homme ne pensait comme moi, à reluquer de magnifique femmes entrain de se dépenser ou ces femmes à admirer des beaux corps masculin en pleine exercice ? Je ne dérogeais à aucune règle. Arrivant en plein milieu d’après-midi après une mâtiné entière sous la couette, j’avais réussi à émerger et m’être changer pour bouger un peu. Ni une ni deux, je me trouvais dans la salle de sport. Il y avait un peu de monde, mais rien de très gênant. Des hommes, des femmes. Des corps qui transpirent et se retrouvent totalement sublime.

Revenant sur terre, je ne perdis pas de temps pour aller sur un tapis de sport. Courir un peu, rien de tel. J’aurai pu aller dehors pour le faire, mais je dois dire que la vision que je pouvais avoir de si désirable personne me plaisait bien trop pour partir seul et ne croiser que des familles qui se baladent ou des couples la main dans la main. Alors je préférais être dans cette salle. Je vis un homme arriver à ma droite, et quoi de mieux que de retrouver mon barman de la piscine. Appétissant. Il me regardait et il n’a fallut qu’un sourire pour se comprendre. Sauf que j’avais bien décidé de faire un autre sport que celui-ci pour une fois.

Courant tranquillement en discutant avec le barman, je ne remarque d’abord pas une jeune femme derrière moi. Mon ami me fait signe et j’arrête la machine avant de me retourner, supposant à une admiratrice ou une jeune femme en manque d’amour. Malheureusement pour moi, ce n’est pas du tout ce à quoi je pense. Surpris, j’écarquille les yeux et je cligne plusieurs fois ceux-ci pour être réellement sûr que je ne rêve pas. Que fait-elle là ? Merde, ce n’est vraiment pas bon. Surtout pas avec Ivan dans les parages. S’il sait ce qu’il y a eu entre elle et moi, ça risque de ne pas être bon du tout. Surtout pour moi.

EZECKIEL – « Molly ? C’est bien toi ? »

Descendant du tapis, je m’essuie le visage et le torse, la regardant encore une fois. Elle était bien là, il fallait que je me fasse une raison. Il fallait dire qu’elle n’avait pas changé. Cela devait faire un an que nous ne nous étions plus vu. La dernière fois que j’avais eu une « mission » à Paris. La belle capitale. Les souvenirs avec elle me reviennent en mémoire, me laissant un sourire amusée aux lèvres. Ça avait été – il faut l’avouer – passionnelle et fusionnelle avec elle. Evidemment, je n’avais pas été une bonne chose pour elle. Jamais je n’aurais pensé faire commencer la drogue à quelqu’un. Pourtant, elle y a plongé tellement vite que je n’en suis pas revenu moi-même. Mais shooté ensemble, tout avait l’air plus facile, plus réel. C’est dingue. Mais ce n’était pas le problème pour le moment. Le souci, c’est qu’elle était là et qu’il fallait qu’elle parte, très vite. Question vitale pour elle.

Des centaines de souvenirs me revenaient en mémoire à ce moment précis : notre rencontre, nos flirts, notre rapprochement, notre premier baiser, notre première fois ensemble, la première fois où je lui ais donné de la drogue, nos délires, nos soirées rien que tous les deux à boire et se droguer avant de le faire sauvagement … Tout revenait à la surface alors que cela devait faire des mois que je n’y avais plus accordé la moindre pensée. Mais la voilà, en face de moi, sans que je sache comment ni pourquoi elle se trouvait là. Il était évidemment impossible qu’elle m’est retrouvée et qu’elle s’est dit que venir ici serait une idée magnifique. Pourquoi ? Eh bien, parce que vu sa tête lors de nos retrouvailles, elle n’avait pas l’air très enchanté de me voir. Le plaisir se trouvait être entièrement partagée. La voir ici n’annonçait rien de bon, surtout pas avec un ancien ami à moi dans les parages. D’ailleurs, à ma question de savoir si c’est bien elle, je pouvais constater qu’elle avait toujours le même répondant que j’aimais tant chez elle. Sa remarque me fit d’autant plus sourire que je savais qu’elle était loin, mais alors très loin d’être la Vierge Marie. Haussant un sourcil, un léger sourire amusé au coin de mes lèvres, je ne pouvais pas laisser passer une perche si bien tendue.

EZECKIEL – « Tu n’en as rien, de la Vierge Marie. Que ce soit par ce que tu consommes ou par nos parties de jambes en l’air » fis-je assez bas pour qu’il n’y est qu’elle pour entendre.

Son regard de travers ne me fit ni chaud ni froid. De toute manière, avec ce que je venais de lui dire, elle allait sûrement sortir de ses gonds pour m’en mettre une. Seulement, ça crevait les yeux qu’il y avait quelque chose qu’elle gardait tout au fond d’elle et qu’elle essayait de cacher aux yeux de tous. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas. Ça n’avait d’ailleurs jamais marché. Aujourd’hui encore, elle n’y arrivait toujours pas, vu qu’un sourire se dessina sur ses lèvres. Ah Molly … Ensuite, elle me dit de me pousser pour la laisser passer. Ah oui ?

EZECKIEL – « Tu es sûre de toi ? » demandais-je en haussant un sourcil. « Tu n’as pourtant pas besoin de faire ce sport » rajoutais-je sans pour autant lui dire qu’elle avait un corps tout à fait parfait. « Mais si tel est ton choix » dis-je en m’écartant. « C’est dommage, moi qui comptais t’offrir un verre pour fêter nos retrouvailles »

Oui, elle finirait bien par s’énerver et j’attendais ce moment avec impatience. Souriant de plus belle, je fis volte face pour m’en aller. Après tout, elle avait envie de courir inutilement, c’était son problème. Quel dommage pour elle de préférer faire du sport au lieu d’aller siroter un petit cocktail tranquillement. La pousser à bout ? Evidemment. C’était tellement amusant avec elle. Lorsqu’elle me répondait comme maintenant ou qu’elle s’énervait, elle est encore plus fascinante. Attractive. Séduisante. Attirante. Certes, j’avais couché avec plusieurs personnes depuis notre séparation – enfin, plutôt mon départ sans rien dire – mais avec elle, ça n’avait pas été comme avec tout le monde. Différents à tous les plans, oui. De quelle façon ? Très bonne question. Je ne pourrais pas réellement mettre de mots sur notre relation et mes sentiments à son égard. « Compliqué » est le mot qui nous convient le mieux, je trouve.

Tout était une question de patience avant qu’elle n’explose juste devant mes yeux. Alors je la cherchais, la taquinais jusqu’à ce qu’elle me réponde. Ce qui ne fut vraiment pas très dur. Elle m’annonçait qu’elle s’attendait à mes paroles et qu’elle remarquait que je n’avais pas évolué. Venant de sa part, je trouvais ça mal approprié. Elle n’avait pas l’air d’avoir changé non plus, du moins, elle n’en montrait rien. Quant à moi, j’avais cessé mon ancien travail ce qui était énorme, en soit. Cependant, vu qu’elle n’en savait rien, elle ne pouvait pas voir que si, j’avais changé quelque chose. D’ailleurs, je ne me souvenais même pas si nous en avions parlé un jour, de nos vies. Toute notre relation avait été basée sur des mensonges. Les miens. Peut-être n’avait-elle pas toujours dit la vérité non plus. Ce qui ne m’étonnerait pas, à vrai dire. Là voilà entrain de me dire que je ne changerais jamais. Avec elle, je n’en voyais pas l’intérêt. Elle s’était accrochée à moi avec mon caractère, pourquoi en changerais-je ? Pour qu’elle s’écarte de moi ? Oh, ce serait vraiment dommage. Malgré son caractère infect, je n’en avais pas envie. Moi, attaché à elle ? Dans un certain sens, peut-être, oui. Mais rien de bien important.

EZECKIEL – « Pourquoi faire ? Tu m’aimes comme ça après tout »

Bien, j’avouais être très méchant et la cherchais beaucoup trop, mais comme elle l’a dit, je ne changerais jamais. Alors pourquoi s’écarter de ma façon de parler et de réagir ? Ce ne serait absolument pas logique, donc il n’y avait aucun intérêt. Au final, j’avais préféré m’en aller. Bien entendu, je savais qu’elle me rattraperait. C’était tellement prévisible que lorsque je l’entendis derrière moi, cela me fit sourire d’amusement. Devant moi, face-à-face, je la regardais avec un vaste sourire. Son doigt pointé sur moi, j’écoutais attentivement ses paroles en riant.

EZECKIEL – « Depuis que tu préfères courir sur un tapis de course plutôt qu’aller boire un verre avec moi » fis-je en haussant un sourcil. « De toute façon, tu n’as pas faite pour ce genre de sport »

Non, je n’arrêterais pas de la chercher. Ça me plaisait bien trop pour m’en interdire. Après tout, c’était de sa faute. Elle avait accepté que je m’approche d’elle, que je la séduise et de dire « amen » à tout ce que je lui disais ou proposais. A commencer par la drogue. Bien trop curieuse, elle avait fini pas s’y plonger et une fois accro, j’avais pris le large, la laissant se démerder avec sa merde personnelle. Sans cœur ? Probablement oui. Et alors ? Ce n’était pas ma faute si elle avait voulu essayer et qu’elle a continué.

EZECKIEL – « Encore un problème ou je peux y aller ? »

Vu qu’elle refusait de venir s’installer pour prendre un verre tranquillement, j’avais d’autres choses à faire. Enfin, plutôt d’autres personnes à voir. Un jour de congé est fait pour que l’on en profite, et que l’on profite de ce que l’on aime le plus. A savoir boire un verre avec une personne qui se laissera séduire, coucher avec si c’est possible et revenir chez soi, mettre de la musique, prendre de la drogue et penser à autre chose. Un monde meilleur, une autre vie, etc. Voilà comment bien passer une journée. Une journée parfaite. Si elle revenait sur sa décision – ce dont je ne doutais pas – après boire un verre, ce serait la surprise de la suite du programme. Ne pas programmer le reste de la journée me plaisait tout autant que de savoir exactement ce qu’il se passerait à l’avance. Pour le moment, la balle est dans son camp et j’attendais patiemment de savoir ce qu’elle allait me dire.