« Micah ! Ouvre cette porte ! J’ai besoin de faire du shopping, ça presse ! » Ça, c’était ma technique peu habile et sans aucun tact pour forcer mon amie à ouvrir la porte et sortir avec moi, parce que je n’en pouvais plus de rester enfermée. Depuis mon accident au travail, j’avais d’abord été enfermée dans une chambre d’hôpital, et après cela, c’est limite si je ne pouvais pas sortir de mon appartement, et j’en avais marre. Voilà ce qui expliquait mon impatience, qui ne faisait qu’augmenter lorsque je me rendis compte que Micah n’ouvrait pas la porte, alors que tout ce que j’avais envie, c’était de passer une journée en sa compagnie, purement et simplement. Était-ce trop demandé ? Dans une dernière tentative, je frappai de nouveau à la porte, et j’ajoutai : « Micah, s’il te plait ! », attendant une réponse.

J’eus un vif mouvement de recul quand je vis la porte de la suite s’ouvrir brusquement, sentant à la limite un courant d’air passer, provoquer par la vitesse à laquelle cette fameuse porte s’était ouverte. Regardant furtivement derrière moi si je n’allais pas percuter qui que ce soit en reculant, je ne vis pas tout de suite qui venait d’ouvrir cette porte et me mentionner que mon amie Micah n’était pas là, à mon plus grand déplaisir. Par contre, je reconnus la voix de cette personne, et quand je détournai la tête pour croiser son regard, cela me confirma que j’étais en face de nulle autre que mon ex-petit ami. L’espace d’un instant, je me sentis légèrement bouleversée, ne sachant pas vraiment quoi faire. Détaler en courant n’était pas une option, et je n’avais pas envie de flancher devant Noàm, même si cela faisait, semblait-il, une éternité que je ne l’avais pas vu. Reprenant mon contrôle, je croisai les bras sur ma poitrine et prit un air légèrement agacé en disant : « À ce que je vois elle est partie avec tes bonnes manières. Bonjour à toi aussi, Noàm. »

Je soupirai fortement, voire même de façon très exagérée, lorsque j’entendis Noàm me répondre sèchement. C’est certain que parfois, une bonne engueulade avec un ex, ça pouvait défouler, mais franchement, pour aujourd’hui, je n’en avais pas envie. J’avais envie de me changer les idées, certes, mais avec Micah, pas avec lui. Il est certain que je ne pourrais pas l’éviter toute ma vie, surtout pas tant qu’il était aux Bahamas en même temps que moi, mais là, tout de suite, c’était mon amie que je voulais, pas régler de vieilles rengaines du passé avec un de mes premiers amours. Si j’avais pu, je serais partie sans demander mon reste, mais comme ça ne se faisait pas, je fus obligée de regarder Noàm et lui dire : « J’sais pas ce qui te les a enlevées, mais toutes mes félicitations. Maintenant, peux-tu me dire, quitte à me le dire en gueulant, où est ta sœur, histoire que je fiche le camp d’ici ? »

Mon manque de motivation à l’idée de me prendre la tête avec Noàm disparait progressivement lorsque je réalise que celui-ci ne répond même pas à ma question. Était-ce si difficile, me dire où se trouvait Micah ? Ce serait bénéfique pour lui comme pour moi, en fait, mais il semblait beaucoup trop borné pour le comprendre, se limitant seulement à transmettre des félicitations qui n’avaient même pas lieu d’être. Je savais bien qu’entre Noàm et moi, ce n’était pas l’amour fou à présent, et qu’on ne s’était pas parlé depuis bien longtemps, mais je l’avais relativement bien connu, et je pensais être encore capable de savoir si quelque chose clochait. Laissant de côté l’envie de me tirer le plus rapidement possible pour un moment, je regardai Noàm dans les yeux, et je dis, avec un sourire narquois en coin : « Tant mieux. Et maintenant, tu vas faire ton gentil garçon et te dire où es ta sœur, ou bien me dire ce qui cloche chez toi. Si tu dis que c’est moi, j’te mets une baffe, parce que je ne peux pas croire que je ne t’ai pas manqué ne serait-ce qu’un petit peu. »

Malgré mes efforts, je ne pus m’empêcher d’être blessée par le propos de Noàm. Peut-être que j’exagérais, mais le fait qu’il me dise qu’il était rapidement passé outre notre relation et que je ne lui avais pas manqué du tout, limite ça me faisait croire que rien ne s’était passé entre nous, alors que de mon côté, même si moi aussi, j’avais progressé puis changé, il n’en restait pas moins que je n’avais pas oublié notre relation, le fait que Noàm avait été mon premier véritable amour. C’est à un tel point que j’en perds tous mes sarcasmes, toutes mes envies de rétorquer, et je me contente de baisser les yeux et dire : « Rien, oublie ça, je vais me démerder. », prête à tourner les talons pour laisser le jeune homme tranquille.

Bien décidée à quitter cet appartement et trouver Micah d’une autre façon, ou encore aller faire les boutiques toute seule, je sursautai lorsque je sentis une main se poser sur mon bras et m’empêcher de partir. Je me préparai alors à me débattre, jusqu’à ce que j’entende mon ex me dire qu’il s’excusait, et qu’en fait, je lui avais manqué. C’est sûr que cela venait estomper la blessure qu’il avait ouverte brusquement, mais je n’étais pas du genre à pardonner comme ça, surtout qu’il était agressif avec moi depuis le début. J’acceptai toutefois de ne pas bouger d’où je me trouvais, et je me retournai, me défis de l’emprise du jeune homme pour poser mes mains sur mes hanches et dire : « Mais qu’est-ce qui se passe à la fin avec toi Noàm !? J’sais bien que je ne suis pas ta favorite, mais je suis quand même capable de savoir quand t’as un problème, et là, tu en as un. Alors tu m’obliges à ne pas me mêler de mes affaires, et te demander ce qui ne va pas chez toi pour que tu m’envoies promener ainsi. »

Même si je ne suis pas persuadée que Noàm va exactement me dire ce qui le met dans un tel état, je rentre dans la suite sans poser de questions, et je ne me gêne pas pour m’asseoir dans le canapé à ses côtés, gardant tout de même une distance respectable entre nous deux. Je l’écoutai me raconter que rien n’allait en ce moment, ne me montrant pas surprise, parce que même si cela faisait un moment que nous nous n’étions pas revus, Noàm et moi, il n’en restait pas moins que je me croyais encore capable de deviner ses émotions, surtout quand il les dégageait ainsi, parce que je jugeais l’avoir bien connu. Et pour cette même raison, même si nous n’étions plus ensemble, je ne pouvais pas complètement le détester, et c’est probablement pour cela que je lui proposai : « Raconte-moi, si tu veux. »