Narrateur : Maylee
Le 13 Juillet 2010 ; après le concert

Je rentre chez moi. Je suis bien obligée puisque je n’ai pas pu l’accompagner dans l’ambulance. Je ne sais pas quoi faire. Appeler ses parents ? Non. Je risquerai de plus les paniquer si je leur disais que leur fille est partie inconsciente à l’hôpital avec un poignet qui avait doublé de volume et qui désormais était tout bleu. De plus, ce n’était pas mon travail, mais celui des médecins et infirmiers qui allaient désormais prendre soin d’elle. Rien que de savoir qu’elle était entre de bonnes mains me rassurait. Jamais le trajet pour rentrer chez moi me paru si long et tandis que ma vue commençait à se brouiller à cause des larmes, je décidais que je ne devais pas aller plus loin si je ne voulais pas avoir d’accident. J’appelais ma mère pour lui demander de venir me chercher. Elle comprit au son de ma voix qu’il fallait absolument qu’elle vienne et que ce n’était pas un des nombreux caprices que je lui avais fait subir. Puis en voulant ranger mon téléphone dans ma poche, je sentis un autre boîtier et reconnu celui de Lennon. Il était tombé lors de sa chute, et bizarrement mon premier avait été de le récupérer. Je ne sais pas pourquoi je ne l’avais pas relevée elle, au lieu de son téléphone. Peut-être avais-je peur de finir comme elle ? Je regardais l’écran où je nous voyais toutes les deux, et à peine vis-je son sourire que les larmes repartirent de plus belle. C’est alors que je vis la voiture de ma mère qui paraissait fatiguée, encore la tête dans le cirage et inquiète. Je montais dans la voiture et me demanda ce qu’il se passait. Je fondis en larmes devant elle et lui expliquai toute l’histoire. Elle me rassura et lorsque je rentrais chez moi, mon premier reflexe fut de prendre une douche froide, oublier cette soirée qui était à mes yeux la pire de toute ma vie. Je savais qu’elle n’allait pas mourir, qu’elle allait s’en sortir, mais quelque part, j’était prête à entendre une mauvaise nouvelle du genre « elle a reçu un grave coup derrière le crâne et sur la colonne vertébrale, elle ne se souviendra de rien, et il est sûr à quasiment cent pour cent qu’elle finisse en fauteuil roulant et qu’elle ne pourra jamais plus marcher par elle-même. » et aussi affreux que je puisse paraître, je me disais que si c’était pour avoir un légume en guise de meilleure amie, je préférais qu’elle décède plutôt qu’elle ne soit pas heureuse à ne pas pouvoir être maître de ses mouvements quand elle souhaite. Surtout lorsqu’on connait Lennon qui est la joie de vivre incarnée, et rien que d’y penser me faisait partir en éclat. Sous la douche, mes larmes se mêlaient à l’eau qui tombait au dessus de moi. Je m’assis dans ma douche, ne voulant pas en sortir, lorsque j’entendis mon téléphone vibrer sur ma table de nuit. J’enroulais une serviette de bain autour de moi et allait répondre, lorsque je me rendis compte que ce n’était pas mon téléphone, mais celui de Lennon qui vibrai et le numéro appelant était un inconnu. Je ne savais pas si je répondais ou non. Je choisis ne pas m’étendre sur sa vie privée et laissai vibrer tout enfilant le t-Shirt de mon petit ami qui me servait de pyjama. Je savais que je n’allais pas énormément dormir cette nuit, mais je le devais si je ne voulais pas encore plus péter un câble demain. A ma grande surprise, je me rendis compte que j’étais tellement fatiguée que cinq minutes après m’être couchée, je dormais déjà.

Le 14 Juillet 2010

« -Maylee ! Maylee bon sang réveilles toi ! C’est la mère de Lennon au téléphone, elle veut te parler ! ». Etrangement, tout de suite après que ma mère ai prononcé ce mot, j’avais les yeux grands ouverts et à peine les avaient-je ouverts que je regrettais d’avoir oublié de fermer mes volets cette nuit. Malgré cette attaque plus que violente sur mes cornées, j’arrachai le téléphone de l’oreille de ma mère pour écouter ce qu’avait à me dire la mère de ma meilleure amie. Elle me demanda si tout allait. Ma première pensée fut de demander si Lennon allait bien. Elle me répondit que je pouvais venir la voir, qu’elle était réveillée. Fatiguée certes, mais réveillée. Et c’est alors que vint le gros soupir de soulagement que je retenais depuis que je l’avais vue partir dans l’ambulance cette nuit. Je promis à sa mère que j’arrivais dès que je pouvais et ç peine avais-je raccroché que je mis à pleurer encore une fois, mais cette fois de soulagement. D’après le ton employé par sa mère, son diagnostique vital n’était pas mis en jeu, et c’était le principal pour moi. Elle ne m’avait pas parlé de ce qu’avaient dis les médecins, mais je me doutais que ce n’était pas grave et que l’hypothèse du légume était écartée ce qui me rassurait au plus haut point. Je filais sous la douche et m’habillais simplement, c'est-à-dire un jean et un haut simple, masquais mes cernes pour ne pas l’inquiéter, car je connaissais ma meilleure amie plus que personne et si elle savait que j’avais pleuré toute la nuit et que j’étais inquiète comme personne, elle allait s’en vouloir et se sentir coupable. Je grimpai dans ma voiture et m’arrêtais pour acheter de quoi manger dans la voiture et repartie sur le chemin de l’hôpital où sa mère m’avait donné rendez vous. Une fois arrivée sur place, je pris sa mère dans mes bras. Je savais que ça allait lui faire du bien de savoir qu’elle n’était pas seule, son mari étant parti pour un voyage à l’étranger n’avait pas été joignable lorsqu’elle avait été admise à l’hôpital. Elle me donna le numéro de la chambre et resta dehors pour fumer une cigarette. Je frappais doucement lorsque j’entendis une voix faible me dire de rentrer. Je tentais de paraître le moins anxieuse possible en affichant un grand sourire, je lui pris instinctivement la main et je remarquais le plâtre à son poignet droit, ce qui ne m’étonna pas du tout. Puis, je me tournai vers elle et demandai « - Alors, ça va ? » elle me sourit gentiment, comme elle avait l’habitude de faire, en hochant la tête, puis je vis dans son regard comme une crainte, comme si elle était perdue, puis quelques secondes plus tard, je l’entendis me poser une question à laquelle je ne m’attendais absolument pas. « Maylee ? Je peux te poser une question ? – Vas-y ? – Je n’ai pas osé demander à ma mère mais… Que fais-je ici ? » . Je tombais de haut. Je ne savais pas s’il fallait que je rie ou que je pleure. Que me faisait-elle comme blague ? Ce n’était pas son genre de jouer avec ce genre de situation mais peut être avait elle reçu un coup et une nouvelle sorte d’humeur s’était développée en elle ? Peut-être son accident lui avait permis de devenir une grande comique ? Mais lorsque je le regardai encore une fois dans les yeux, je compris qu’elle ne rigolait absolument pas, et de me voir hésiter à lui répondre l’apeurait encore plus. Je le regardais sérieusement, et moi aussi quelque part perdue, et lui dit « Le concert de Coldplay ? Le tueur qui a perdu la tête ? Le coup de poing que tu t’es pris dans le ventre ? Les gens qui t’on marché dessus, tout ça tu ne t’en souviens pas ? ». Elle hocha la tête pour dire non, l’air surprise de ce que je venais de lui révéler, et c’est alors que je commençai à lui raconter tout depuis le début jusqu'à la fin. Je ne lui parlais pas de Bruno puisque de toute évidence je ne voulais pas lui encombrer l’esprit avec un gars qu’elle ne reverrait probablement jamais. Je lui indiquai que son téléphone était chez moi, elle m’autorisa à répondre si quelqu’un appelait, puis décidai de la laisser se reposer et assimiler tout ce que je venais de lui dire. En sortant, je croisai sa mère et lui raconta tout ce qu’il venait de se passer. Paniquée, elle déboula dans la chambre tandis que je partais dans le sens inverse. Une fois arrivée chez moi, je me reposai un peu. Etant une vraie marmotte, les cinq heures de sommeil dont j’avais usé ne suffisaient pas, et je commençais presque à m’endormir debout. Ce fut le vibreur de l’iPhone de mon amie qui me sorti de ma rêverie. Encore ce numéro inconnu. Cette fois, ayant l’autorisation de mon amie de m’immiscer dans sa vie, je répondis, et à la voix, je reconnu la conquête de mon amie Bruno. Je lui expliquai la situation et lui appris avec le plus de douceur possible venant de ma part que malheureusement elle ne se souvenait de rien, pas même de lui et de ce qu’ils avaient fait ou ne pas fais durant la soirée. Je sentis une pointe de déception dans sa voix, cependant, il fit le dur, me remercia de lui avoir tout dit, et raccrocha. Je me sentais mal par rapport à lui, et comment Lennon réagirait si elle apprenait que je lui avais caché son existence ? Je pris son numéro sur mon téléphone, et décidai de lui donner quand elle sera réellement remise. En attendant, je le supprimai de ses appels.