Depuis que j'étais retournée aux Bahamas, j'avais du trouvr un travail. Eh ouais, mes parents avaient voulu me faire la bonne blague de ne pas me laisser d'argent. C'était cruel, vous ne trouvez pas? Surtout que moi et le travail, ça faisait deux. Je détestais travailler. J'avais pas l'impression d'être riche. POur mi, ce sont les gens du peuple qui travaillent. Pas les gens comme moi. De plus, la relation avec ma patronne était loin d'être au beau fixe. Elle ne me supportait pas et c'était pareil de mon côté. Heureusement, ce jour-là, elle n'était pas là. Habillée d'une façon assez vulgaire par rapport à mon âge: une mini-jupe, haut avec un décolté assez plongeant et des talons d'au moins dix centimètres, j'étais assise derrière le comptoir et lisant un magasine de mode. J'adorais la mode, je ne pouvais pas vivre sans. Sauf que moi je voulais être sur les podium, je voulais que ce soit moi la star. C'était peut--être ça l'idée dans le fond: arrêter d'être une vendeuse dans ce magasin et m'inscrire dans une agence de mannequinat. Avec un peu de chance, je deviendrais connu et là, j'aurais presque plus besoin de travailler pour gagner de l'argent. C'était beau de rêver. D'ailleurs une cliente entra, avec un chapeau et des lunettes noires. Je leva les yeux au ciel et soupira. Vu que je ne reconnu pas la personne, depuis le comptoir je lui lançai:

« Qu'est-ce que vous voulez? »

Le ton de ma voix était froid. J'avais fais comprendre à cette cliente qu'elle n'était pas la bienvenue et que je voulais être seule. Être payé à rien faire, j'adorais ça. J'avais à peine adressé un regard à la cliente que j'étais déjà repartit dans mon magasine. J'espérais juste qu'elle ne vienne pas me déranger. Elle avait qu'à prendre les vêtements qui lui plaisaient, les essayer et venir payer après. Je continuais de tourner les pages e mon magasines et entouré les vêtements que j'avais l'intention de m'acheter. Certes, je devais mettre de l'argent de côté mais qu'importe.

Je détestais travailler. Que ce soit pour gagner de l’argent ou simplement faire des études, il ne fallait vraiment pas compter sur moi. Mes parents étaient riches, j’étais la petite fille de mes parents et ils ont toujours céder à mes caprices. Seulement, ils ont décidé de me couper les vivre. Certes, ils m’ont laissé une immense villa où j’ai bien l’intention de faire une ou deux soirées sympathiques mais ils m’avaient également demandé de trouver un travail. Tout ça pourquoi ? Parce que j’avais refusé d’aller à l’université. Je croyais que c’était une blague de mauvais goût alors qu’en fait pas du tout. Ils avaient décidé de me mettre dans la vie active et beaucoup plus tôt que je ne l’avais imaginé. Moi qui n’est jamais rien fait à la maison, même pas mettre ou débarrasser une table, imaginez un peu le choc que ça m’a fait lorsque mes parents m’ont annoncé ça. Bref quoi qu’il en soit j’ai décroché un job dans une boutique de prêt à porter. Ça me permet d’envoyer bouler les clientes qui me prennent la tête et de draguer les beaux garçons qui viennent. J’espère, néanmoins, que je ne ferais pas ce métier toute ma vie. J’ai envie de profiter de ma jeunesse au maximum, ce n’est tout de même pas un crime, si ? Et puis, je voulais devenir mannequin. Je voyais ce métier comme un idéal : on se fait habillé, maquillé, on défile, on est invitée à toutes les soirées select. La vraie vie de star quoi. C’était comme ça que je voyais mon avenir. Certains pensaient que je n’y arriverais pas, d’autres me découragent en me disant que ça n’a rien d’idéaliste. Moi ? Je me moque de ce que les gens pensent, ce n’est pas leur avenir, c’est le mien. Une cliente entra dans le magasin, m’interrompant dans la lecture de mon magazine de mode. Sur un ton agressif je lui demandais ce qu’elle voulait. Certes, je pourrais être un minimum polie mais je n’avais pas envie. Ce n’était pas vraiment dans mes habitudes. Elle me répondit qu’elle voulait acheter une robe et qu’elle avait besoin de mon aide. Quoi ? Elle ne savait pas s’habiller toute seule ? En soupirant, je lâchai mon magasine et avançait vers elle. Je lui demandai sur le même ton froid :

« Vous voulez quel genre de robe ? Parce que si vous ne savez pas ce que vous voulez, je ne pourrais pas vous aider… »

Certes, il y avait d’autres façons de le dire. Etre plus gentille, plus accueillante. Je n’étais pas comme ça. Je n’avais pas prévu que quelqu’un vienne déranger ma tranquillité. Il faisait beau et chaud, les vacanciers devaient être sur la plage. Logique ! J’attendis donc sa réponse et je commençais légèrement à m’impatienter. Plus vite elle m’aura dit ce qu’elle voulait, plus vite je pourrais continuer de regarder mon magazine de mode. Il fallait bien que je me tienne au courant des dernières tendances.

J’avais horreur qu’on me dérange pendant que je faisais un truc. Depuis que j’avais été embauché dans ce foutu magasin, je ne pouvais plus rien comme je le voulais. Déjà, je devais respecter des horaires. Me lever le matin, c’était vraiment la dernière des choses que j’avais envie de faire. De plus, lorsqu’une cliente venait me demander des renseignements, ça avait le don de m’exaspérer au plus haut point. Il fallait croire que la petite fille riche n’était pas contente. Ca, c’était la faute de mes parents. S’ils avaient bien encaissé le fait que je n’aille pas à l’université, je n’en serais pas là. A croire que c’était la honte de ne pas mettre les pieds à l’université. Ma patronne n’était pas là ce jour-là, j’aurais pu fermer le magasin et aller à la plage. Néanmoins, j’avais espéré que personne ne vienne. Regardant la femme en face de moi, j’écoutais ce qu’elle me répondit. Un anniversaire en boite ? J’avais quinze ou seize ans quand je faisais encore ce genre de chose. Je continuais de la regarder et répondis sur un ton toujours aussi froid :

« Ouais ça peut se trouver… » Je commençais à me diriger vers le rayon des robes, puis me retournais vers la client et lui demanda : « Votre taille, c’est quoi ? »

Avant de prendre le job, on m’avait dit que je devais être souriante et gentille avec les clients. Moi, je n’arrivais pas à l’être. Ou plutôt, je ne voulais pas l’être. Ca me soulait déjà de travailler, il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties. Je me tournais vers les robes et attendis sa réponse tout en commençant à chercher une robe qui corresponde à ce qu’elle voulait. J’étais peut-être loin d’être accueillante comme vendeuse mais j’étais d’assez bon conseil. D’un autre côté, je passais mes journées le nez plongé dans les magazines de mode. Je connaissais tout sur les tendances, les couleurs du moment et tout ce qui allait avec. C’était peut-être l’une des seules qualités que j’avais dans ce métier. Je trouvais une robe pas trop courte, de couleur noire et avec quelques paillettes. Elle était élégante et elle faisait assez chic, le genre de robe qui passe bien pour aller en boite. Je la pris et la montrait à ma cliente et lui demandais, sur un ton légèrement moins froid :

« Ce genre-là, ça vous va ? »

Qu’elle ne vienne pas me dire que ça ne lui allait pas parce que ça allait vraiment me prendre la tête. J’avais un magazine de mode à finir de regarder moi, je n’avais pas que ça à faire. Je la regardais et attendis sa réaction. Je reportais mon regard sur le rayon et cherchait une autre robe, qui pouvait correspondre à ces critères.

Je n’aurais jamais cru travailler dans une boutique. Moi je me suis toujours vue dans une grande maison avec de l’argent qui coule à flot. J’ai toujours pensé que la vie était facile. Mes parents avaient donc eu, selon eux, une bonne idée de me faire venir ici. Certes, ça m’apprenait que l’argent ne tombait pas du ciel mais quelque part je m’en moquais. Le jour où ils ne seront plus là, j’aurais leur héritage et je pourrais éviter de travailler. A quoi ça servait, franchement, de travailler dans un petit magasin de ce genre, avec des clients qui ne sont pas foutus de choisir leur vêtement tout seul. La plupart du temps, j’avais des haut-le-cœur en voyant comment certains s’habillaient. Ce n’était quand même pas compliqué d’ouvrir un magazine de mode, de regarder les dernières tendances et de trouver les vêtements en magasin. Même si ce ne sont que de pâles imitations de grands créateurs.

La cliente que j’avais en face de moi était vraiment insupportable. Un anniversaire dans une boite de nuit ? J’avais quinze ans quand je faisais ce genre de chose. Elle avait qu’à choisir une boite qui organisait une soirée mousse et y aller en maillot de bain. Au moins, elle ne serait pas là en train de me prendre la tête pour une putain de robe. Je lui en avais sortis une qui était totalement fait pour sortir. Pas brillante, pas trop voyante. C’est ce qu’elle voulait, non ? Je restais dans les cabines. Je savais qu’elle allait trouver quelque chose à redire. C’était toujours comme ça : les clients ne prennent pas le temps de chercher et quand on leur propose un truc ça ne va jamais. Je n’attendis pas bien longtemps avant de l’entendre me dire que la robe lui faisait un fessier d’éléphant. Je soupirais tout en levant les yeux au ciel et marmonna :

« C’est pas à cause de la robe, ça. » J’étais presque sûre qu’elle m’avait entendu. Après tout, je n’étais pas du genre à être discrète quand je faisais ce genre de réflexion. Je retournais donc en rayon et dégotais une robe qui était un peu plus ample sans pour autant qu’elle ressemble à un sac à patate. Revenant dans les cabines, je passais la robe à travers le rideau. Je n’étais pas du genre à ouvrir les rideaux des cabines comme ça. Je lui lançais :

« Est-ce que celle-là, vous irait ? »

J’accrochais le cintre sur la barre du rideau et attendit que la femme dans la cabine me réponde. D’ici que le modèle de la robe ne lui plaise, il n’y en avait pas pour l’longtemps. J’allais m’appuyer contre le mur en face. J’avais vraiment hâte qu’elle s’en aille.

Je détestais travailler. Pour moi, c’était les pauvres qui se trouvaient un job pour gagner de l’argent. Je venais d’une famille riche, je n’allais quand même travailler toute ma vie. Il ne fallait pas non plus pousser le bouchon. J’avais décidé de ne pas aller à l’université et après ? Qu’est-ce que ça changeait que je n’aille pas dans une grande université ? Je me moquais royalement des cours, je me moquais royalement d’avoir des diplômes. Pour moi, j’étais riche et je le serais toujours. Je ne croyais pas que l’argent tombait du ciel, enfin quoi que…Ca serait possible après tout. J’attendis donc que la cliente daigne enfin me donner une réponse. Elle commençait sérieusement à me saouler. Si elle ne trouvait pas ce qu’elle voulait, elle avait aussi la possibilité d’aller voir dans un autre magasin. Je n’allais certainement pas la retenir. Surtout que j’avais un magazine qui m’attendait. Appuyée contre le mur en face de la gamine, je sortis mon portable pour voir l’heure qu’il était. Je soupirais quelque peu en voyant qu’elle avait l’air de prendre tout son temps. Ce n’est pas parce qu’elle n’avait rien d’autre à faire que les boutiques, que forcément c’était le cas de tout le monde. J’attendais donc qu’elle sorte de ce foutu magasin avec ou sans articles. Lorsqu’elle ouvrit le rideau, je vis… Maïke ? J’eux un léger blocage en la voyant. C’était la seule cliente avec qui j’étais gentille. Enfin c’est ma patronne qui m’avait comprendre que je devais être gentille avec elle, comme avec les autres clients soit dit en passant. Je croisais les bras et lui lançais sur un ton neutre, presque je m’en foutiste :

« Ca t’arrives souvent de te faire passer pour quelqu’un d’autre. Franchement, tu voulais prouver quoi ? Que je t’accorde un traitement de faveur parce qu’on me la demander ? Dans ce cas, Maïke, félicitation… » Je marquais une brève pause, tout en continuant de la regarder. Sur le même ton, j’ajoutais : « Tu vas finir par prendre une robe ou t’as décidé de continuer à me faire perdre mon temps ? »

Je continuais de la regarder, sans un sourire. Je faisais partie de ces gosses de riche, qui se moque royalement des gens. Egoïste, il n’y a toujours eu que ma petite personne qui comptait mais ça Maïke ne semblait pas l’avoir compris. Je n’avais rien contre elle. Au final, ce n’était pas de sa faute si on était obligé de se côtoyer mais sa réaction me sortait par les yeux. Même moi, je n’aurais pas été capable de faire ça. Je n’étais pas aussi puéril. Tout en continuant de la regarder, j’attendais sa réponse. Elle avait réussi à me prendre la tête en l’espace de quelques minutes. Le pire c’est qu’elle devait sûrement se trouver drôle. Elle devait jubiler. Mais tant mieux pour elle. On a pas tous des activités de ce genre-là.