Ceux qui fuguent on les attrape par la peau du c*l

Tôt ce matin, Everleigh avait commencé à tempêter dans sa chambre, souhaitant visiblement se lever avant tout le monde, moi la première. Rapidement, je m’étais levée afin de m’occuper d’elle, persuadée que comme d’habitude, elle se rendormirait encore une heure ou deux après son premier boire de la journée. Cependant, en cette matinée ensoleillée, ma petite dernière avait les yeux grands ouverts et semblait avoir aucune envie de dormir. J’avais donc décidé de la mettre dans sa poussette et de la sortir afin de se promener un peu. Après de longues minutes, je finis par atterrir du côté des bungalows où deux de mes frères habitaient encore, ayant soudainement comme idée d’aller leur faire un petit coucou s’ils avaient le temps et l’envie. Je tentai d’abord d’aller voir si Nash était réveillé, mais en voyant les rideaux fermés, je compris que ce n’était pas le moment de le déranger. Je retentai donc ma chance au bungalow de Shane. Alors que je n’étais pas assez près pour voir si les rideaux étaient encore tirés, je vis du mouvement en provenance de la porte d’entrée. Légèrement surprise, je m’approchai, la poussette devant moi, les sourcils légèrement froncés, et tandis que je faisais encore dos à la jeune femme, je demandai : « Excuse-moi, je peux t’aider ? »

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Sans le vouloir, je ne pus m’empêcher de laisser échapper un léger rire lorsqu’Inaya me dit qu’elle venait chercher des vis pour son appartement. Ce n’était pas contre elle, pas du tout, mais ce fut plutôt par rapport à la personne à qui elle venait le demander, comme je lui en fis part – le disant surtout pour moi-même, en fait – en affirmant : « Des vis ? Ce n’est pas chez Shane que tu vas trouver ça, il n’a rien de manuel ! », et en disant cela, je réalise que ce n’est probablement pas cela. Il se passe un truc outre que cela, mais je ne peux pas le supposer clairement, ça ne se fait pas, et mon frère a le droit à sa vie privée. Je hausse donc les épaules nonchalamment, et je dis : « Enfin, tu peux toujours essayer… »

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C’était loin d’être mon genre de faire des sous-entendus sarcastiques ou méchants, sauf quand j’étais dépassée, en colère, ou du moins, dans un cas extrême, ce qui ne s’appliquait pas à la situation présente. Visiblement, Inaya n’était pas au courant de ce fait, et je ne pouvais pas la blâmer, vu que notre première rencontre avait été un peu étrange, et c’était surtout par ma faute. Cependant en ce moment, je me voyais mal m’expliquer, compte tenu que c’était une chose difficile à faire quand on se sentait attaquée comme en ce moment. Pendant un instant, je la regardai, me demandant ce que j’avais bien pu dire de mal. Pour ne pas que cette histoire prenne des proportions démesurées et surtout inutiles, je fis, d’un ton calme et sincère qui n’avait rien d’hypocrite : « Rien du tout. Il y a un truc qui t’a fait croire que j’insinuais un truc ? »

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Même si je trouvais cela légèrement étrange qu’elle n’ait même pas pris le temps de boire un café avant de venir frapper chez mon frère, à croire qu’elle était pressée, ou vachement motivée de faire ses rénovations dans son appartement. Toutefois, ce n’était pas ça l’essentiel pour le moment. L’essentiel, c’est que je retins le fait qu’elle s’était excusée, et donc que le risque de se prendre la tête devant ma benjamine pour un rien avait été évité, ce qui me soulageait. Plus conciliante, je lui répondis alors : « Pas de soucis. », bien simple, sans ajouter quoi que ce soit. De toute façon, parler pendant que les gens baillent, c’est loin d’être pratique, et c’est pour cela que je me tus, laissant Inaya terminer, puis affirmer que c’était là une preuve comme quoi elle venait fraichement de se réveiller. Je hochai la tête pour faire signe que j’avais saisi le principe, ne cherchant pas à répondre quoi que ce soit par la suite. De ce fait, un petit silence s’installa, et histoire de dévier un peu le semblant de conversation, je demandai alors : « Et Shane, il est réveillé, tu le sais ou non ? »

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En posant cette question, je m’attendais à avoir une réponse d’un mot, peut-être cinq au maximum, quelque chose comme « Non il est encore au lit » ou bien « Oui, il est réveillé », simplement pour savoir si oui ou non, je pouvais me permettre de frapper à la porte de mon aîné et aller lui faire un coucou, comme je souhaitais le faire à la base. Cependant, Inaya me fournit une réponse beaucoup plus détaillée que ce que je souhaitais avoir, des détails que je ne voulais pas nécessairement connaître, puisque mon frère avait le droit à sa vie privée et au cycle de sommeil qu’il voulait. À la limite, ça devenait louche qu’elle sache autant de détails, et surtout qu’elle m’en fasse part. Si je trouvais le tout plutôt bizarre depuis le début, mais que je me retenais par politesse. Cependant, cela fut plus fort que moi, et je lâchai : « Tu es sûre que tu venais que pour tes vis ? », pinçant les lèvres lorsque je réalisai la grossièreté de ma question. Je marmonnai ensuite un petit « Pardon… » peu de temps après.

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La question d’Inaya me rendit légèrement perplexe. Même si elle ne m’avait pas fourni une réponse claire, il n’en restait pas moins que je savais pourquoi elle était venue, à son avis. Mon problème, c’était justement ce qu’elle avait ajouté à la suite. Sans même que je le veuille, cette question fit apparaître une tonne de réponses dans ma tête, des réponses qui, par moments, ne faisaient absolument pas de sens. Je tentai alors de couper court à ma réflexion puérile, me contentant de hausser les épaules, tentant de me dire qu’elle était pressée de commencer les travaux dans son appartement et qu’elle était peut-être lève-tôt, même si au fond de moi, je me doutais que quelque chose clochait, dépassait les vis. Jugeant qu’il serait impoli de ma part de continuer à fouiner dans des choses qui ne me regardaient pas, je répondis : « Je ne sais pas, ce n’est pas mes affaires, après tout. », avec aucune pointe de méchanceté, mais malgré moi, j’avais laissé paraître que je trouvais ça légèrement louche.

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Ne pas se tourmenter l’esprit pour une histoire de vis à une heure plutôt matinale, voire quasi inhumaine pour commencer à faire des rénovations dans un appartement, non seulement par question personnelle, mais aussi histoire de ne pas réveiller tous les voisins également, ce n’était malheureusement pas dans mes cordes à cet instant précis. Pourquoi ? Parce que tout était trop louche, et ça commençait réellement à me puer au nez. Depuis plusieurs minutes déjà, je me faisais violence pour ne pas aller trop loin pour ne pas dire à Inaya que j’avais déjà deviné qu’il y avait autre chose, ou du moins, que j’en étais fortement certaine, parce que l’histoire des vis, ça me semblait beaucoup trop absurde. Cependant, cette fois-ci, je ne sus pas me retenir, et je tentai alors une approche en disant, tout innocemment : « Oui, c’est vrai. Et puis, je suis certaine que si je fais ma fouine auprès de Shane, il me dira la même chose ! », réalisant que je n’étais pas là bien subtile, mais je ne voulais pas faire dans l’impolitesse, surtout pas avec Inaya, pas pour le moment.