Lors d’une nuit pluvieuse de mille neuf cent quatre vingt six, quelque part sur le continent Nord Américain, une jeune femme entra en trombes dans un petit hôpital, en bordure d’une petite ville. Celle-ci ne cessait de répéter qu’une seule chose : « Oh mon Dieu ! J’ai perdu les eaux ! Je ne suis pas prête ! » La jeune femme était seule et ne devait avoir que dix sept ans, tout au plus. L’infirmière de garde se dépêcha d’arriver et appelant des sages femmes, elles se rendirent en salle d’accouchement. Alors que la future maman vacillait, l’autre, d’une quarantaine d’années, referma sa prise atour de son bras et accéléra le pas afin d’arriver plus vite dans la salle qui venait d’être préparée. Alors qu’à son tour l’adolescente se préparait, les larmes lui vinrent et elle se tourna vers cette infirmière. « Je ne veux pas. Je ne peux pas. Je suis trop jeune. Aidez moi, je vous en prie. » Le cœur de l’infirmière se serra et elle prit la main de la petite brunette, lui lançant le sourire le plus chaleureux dont elle était capable. « Tout ira bien, ma jolie. » Le travail commença. La jeune femme ne pouvait calmer ses sanglots et une fois que les cris du nouveau né résonnèrent, elle se retourna, refusant de le voir. Et pourtant, elle savait que ce n’était pas finit puisqu’elle lâcha un nouveau cri de douleur. Un second bébé fit son apparition et c’en fut trop pour elle. Recroquevillée, sanglotant, elle ne voulait toujours pas les voir. Tout ce qu’elle voulait, c’était rentrer chez elle et reprendre une vie normale. Elle fut installer dans une chambre décorée de petites fleurs avec une peinture rose et blanche, proche de la nurserie où se trouvaient ses jumeaux. N’entendant plus de bruit dans le couloir, elle se leva, s’habilla, et malgré des douleurs au ventre, elle s’enfuit de l’hôpital à l’instar d’une voleuse. Elle se mit à courir jusqu’à sa voiture sans se retourner, à bout de souffle et pliée en deux par la douleur qui la submergeait. Elle ne lâcha pas prise et une fois dans sa voiture, elle fila à toute vitesse sans une pensée ni un regard pour les deux petits êtres qu’elle venait de mettre au monde. Une fille et un garçon. Ils ne tardèrent pas à être adoptés, l’hôpital ne pouvant pas les garder indéfiniment. Cependant, les deux enfants furent séparés. Le jeune couple, sans enfants, qui voulait adopter, flasha en quelque sorte sur le petit homme, légèrement plus calme que sa sœur. La procédure ne dura que quelques semaines au lieu de plusieurs mois voir années. Ils repartirent avec cet enfant chez eux, à Miami, en Floride. La route fut longue et leur sembla interminable mais au bout du compte, ils étaient désormais parents. Des parents heureux et fous de leur fils qu’ils baptisèrent Kheyran.

Les années passèrent sous le soleil flamboyant de Miami. Kheyran, sept ans, était déjà considéré comme étant un turbulent, un élément perturbateur dans sa classe. Dès ce moment, son passe temps favoris était de faire crier sa professeure de primaire. D’autre part, il adorait poursuivre les filles avec de la terre plein les mains et le visage, des verres de terres entre ses doigts et des fourmis sur ses bras. De plus, déjà à cet âge là, il aimait les filles. Il aimait les regarder et changer d’amoureuse le plus souvent possible. C’était un pari avec un ami de sa classe. Combien aurait-il eu de chéries avant la fin de l’année ? Au final, durant son année du CE1, il avait charmé toutes les petites CE1, deux ou trois CP et il avait même réussi à séduire une CE2. Personne n’en revenait et lui, s’en amusait une fois de plus. Coté scolaire, Kheyran était là aussi très doué. Peut être parce que son père était un professeur dans cette même école, qu’il l’aidait de temps à autres à travailler. Malgré la présence et la surveillance de son père à l’école, le petit garçon aimait enchainer les idioties et les bêtises. Tous s’accordèrent pour dire qu’il était une catastrophe ambulante, qu’on ne pourrait rien faire pour lui. Il était impossible de le calmer. Certains médecins disaient qu’il s’agissait d’une passade, d’autres qu’il était hyperactif, d’autres encore racontaient du baratin comme quoi les filles le rendaient fou d’elles et lui tournaient la tête. Or, il n’avait que sept ans, il ne pensait qu’à s’amuser et à faire les quatre cent coups.

Le reste de son enfance se déroula de la même façon. Bêtises, filles, paris, amis, école, bêtise, quatre cent coups, faire tourner tout le monde en bourrique. Dans la maison familiale, on entendait sans cesse des « Kheyran, touche pas à ça ! » ou « Non, surtout pas ça, Kheyran ! ». Même lorsqu’il fêta ses dix sept ans, son caractère était le même, voir amplifié. Il courait toujours après les filles mais désormais, elles en faisaient de même. Beau brun aux yeux bleus perçants, il en profitait allègrement. Il sortait avec, un soir, deux ou trois. Jamais plus. Il était sans attache. Loin de lui l’envie de vivre le grand amour du lycée. Loin de lui l’envie d’être un de ces mecs aux crochets de leur copine. Ce n’était juste pas lui. Il préférait de loin le style volage, turbulent, fauteur de trouble et surtout, sa grande spécialité était de draguer et de foutre la merde dans certains couples parfois. Il cherchait la bagarre, hilare face à son adversaire. Il séchait le lycée mais le jours d’interro, il cartonnait. Certes, il avait l’intelligence, mais loin de lui le look premier de la classe. Il préférait avoir les cheveux en bataille, lui tombant sur le visage et sa moto plutôt que d’enfiler des chemises parfaitement repassées et porter des lunettes bien trop grandes. Lorsque la fin du lycée arriva, ce fut les mains dans les poches qu’il se présenta à l’examen de fin d’année. Il le réussit. Comme tout ce qu’il entreprenait jusqu’à lors. On lui demanda dans quelle faculté il voulait aller, pour seule réponse, Kheyran se contenta de hausser les épaules. Quel métier voulait-il faire ? Il n’en savait rien et il ne voulait pas savoir. Ses parents quant à eux ne voulaient pas d’un gamins qui resterait chez eux à glander. Il prit un job, y allant par nécessité et non pas par envie. Cependant, ils s’était mis dans un sacré pétrin et le mec qui voulait sa peau ne tarda pas à rappliquer. Kheyran couru jusqu’à bousculer un homme. Il continua son chemin, ignorant l’autre qui l’appelait. Cependant, cet homme âgé n’était autre que son grand père biologique. Il l’avait retrouvé. Il finit par attraper Kheyran, lui évitant ainsi de sérieux ennuis et lui expliqua tout, ainsi que la mort de sa mère biologique. Il n’en cru pas un mot et en parla à ceux qui l’avaient élevé qui le lui confirmèrent. Il apprit également qu’il avait une sœur jumelle qui était là, quelque part aux USA ou dans le monde. A ce moment là, Kheyran se dit qu’il n’avait plus d’avenir ni de famille jusqu’à ce que le vieil homme lui fit une proposition qui changerait toute sa vie. Ce fut ainsi qu’à tout juste dix huit ans, il entra dans le FBI.

D'abord mis sur une affaire aux Bahamas, Kheyran se laissa prendre à son propre jeu, tombant amoureux pour la seconde fois de sa vie. Des erreurs, il en fit et pourtant, il ne tarda pas à demander Sherrie en mariage alors qu'elle était enceinte de leur enfant. Un fils. Enzo Aaron Leigh.